Critique croisée : Le roman graphique d'aujourd'hui

La Page Blanche, Olympe de Gouge. Le rapport? Ce sont évidemment des romans graphiques. Très bien, mais sont-ce les mêmes? Du tout.

Enfin, moderons nos propos. Ils ont évidemment des points communs et des différences.

Le roman graphique : un roman de vie

Tous deux considérés comme des romans graphiques, ils sont l'illustration de la vie d'une personne. C'est ce qui définit en général une œuvre de ce type. Oui, mais, allez-vous me dire, certaines bandes dessinées retracent aussi l'histoire d'une vie. Certes. Sauf que le format est différent. Quand une BD est contrainte au 48CC (48 pages, cartonné, couleur), le roman graphique, lui, possède une liberté toute particulière. Autant de page qu'il plaît à l'auteur, la hauteur qui lui convienne, coloré ou non. C'est un genre de bande dessinée faite pour les auteurs qui ne souhaitent pas faire de la bande dessinée.

Prenons deux exemples, totalement désintéressés. En premier, Olympe de Gouge. L'histoire de Marie Gouze, dite Olympe de Gouge est condensée en 490 pages (dont 403 pour l'histoire et 71 pour la chronologie et les notices autobiographique), en noir et blanc, 23cm de hauteur, 17 cm de largeur. Ah, pauvre dessinateur de bande dessinée qui aurait dû faire 10 tomes en couleur. Pauvre éditeur de cette bande dessinée qui aurait dû attendre patiemment que les dix tomes soient faits au fur et à mesure. Heureusement que Catel et Bocquet étaient là. A eux deux, ils ont réussi à retracer la vie foisonnante de cette femme merveilleuse (et je ne dis pas cela parce que j'en suis une également), qui pensa, quoique bien avant l'heure, aux droits de la femme.

Notre autre exemple, tout aussi désintéressé, c'est La Page Blanche, de Boulet et Pénélope Bajieu. Oui, ils auraient pu éventuellement faire une (plusieurs) bande(s) dessinée(s). Mais voilà, c'est le roman graphique qui fut la forme de leur désir. L'histoire d'Eloïse aurait-elle était aussi intéressante si elle avait dû s'étaler sur deux, trois ou quatre tomes ? En vérité, non. Cette histoire n'est bien que parce qu'on peut la lire d'une seule traite. 25 cm de hauteur, 20 cm de largeur, avec 212 pages de la première à la quatrième de couverture pour 195 pages d'histoire. On peut dire que c'est une histoire concise par rapport à la première présentée, n'est-il pas ? En revanche, et contrairement à ce qu'on pense des romans graphiques, c'est en couleur ! Et oui. Le choix de la couleur fait qu'on aurait tendance à vouloir y voir, peut-être, une régression vers la bande dessinée. Mais, et si c'était une volonté de moderniser le roman graphique ?

Modernisation? Ou pas.

La règle que les gens ont à l'esprit quand ils entendent parler du roman graphique, c'est que c'est en noir et blanc. Oui mais non. Par ailleurs, on peut rapprocher les œuvres en noir et blanc des mangas, et celles en couleurs des bandes dessinées. Cependant, c'est très réducteur. En mai faisons de qu'il nous plaît, en roman graphique aussi. Que ce soit en noir et blanc ou en couleur, le roman graphique reste ce qu'il est tant qu'il est biographique, fictionnel ou non.

 

Comme le très célèbre Blankets, Manteau de Neige, de Craig Thompson, Olympe de Gouge est une biographie réelle en noir et blanc (du même éditeur). Cela veut-il dire que la biographie d'une personne existante doit se faire en noir et blanc ? Sans doute pas.

A contrario, La Page Blanche est une biographie fictionnelle en couleur, et pas que deux. Rouge, bleu, vert, jaune, marron, violet. Toutes les couleurs sont répertoriée dans cette œuvre. Et c'est un roman graphique. Il respecte les codes d'être différent de la bande dessinée.

 

Alors, modernisation ou volonté de conformisme ? Que ce soit l'un ou l'autre, le conformisme se retrouve, dans le choix des couleurs. Et les magasins n'aidant pas, on trouve ces œuvres au Rayon BD. Pas de rayon ou partie de rayon juste pour les romans graphiques. La modernisation n'est pas pour maintenant.

Et ensuite?

Pour aller une peu plus loin, il faut savoir que Catel et Bocquet n'en sont pas à leur première œuvre ensemble. Kiki de Montparnasse est leur premier roman graphique à deux, et Olympe de Gouge a suivit une voix toute tracée, un chemin déjà fait. Autant de travail, autant de détail. Olympe de Gouge est la digne petite sœur de Kiki de Montparnasse.

C'est un peu différent pour Boulet et Pénélope Bajieu. Tous deux dessinateurs de bande dessinée, connu sur le web sous le terme : web-comic, ils se connaissent depuis longtemps grâce à cela. Tous deux de leur côté ont publié des bandes dessinées une fois leur succès fait sur internet. Et quoi de mieux que de changer de genre pour un duo de dessinateurs géniaux ?

 

Si Olympe de Gouge a reçu de très bonnes critiques et laisse à penser que ses auteurs continueront ensemble encore un moment, la question se pose pour Boulet et Bajieu, dont l’œuvre a été moins bien accueillie par le public. A voir, donc, si La Page Blanche aura des petits frères ou sœur dans les années qui viennent.

 

Gaëlle A.

Suivez-nous grâce à notre page Facebook pour connaître les dernières nouveautés!


Sommaire